Les lycéens pro et apprentis haut-rhinois sur scène pour élire leur prix littéraire
Deux cent quatre-vingts lycéens professionnels et apprentis du Haut-Rhin ont travaillé cette année sur quatre livres dans le cadre de leur prix littéraire. Ce mardi 29 avril à Motoco, ils ont élu leur lauréat après être monté sur scène pour présenter les ouvrages à travers des bandes-annonces théâtrales.
Le prix a bien grandi, mais pas le jury. Pour son 31e anniversaire, le prix littéraire des lycéens professionnels et apprentis du Haut-Rhin a invité 280 élèves à départager quatre livres, ce mardi 29 avril à Motoco à Mulhouse. Juste avant le moment fatidique du vote, quatre groupes se sont succédé sur scène pour interpréter des bandes-annonces préparées le jour même, sous l’encadrement de la compagnie El Paso.
Une sélection en octobre
Guerrière de Cécile Alix, La Fabrique des héros de Cédric Fabre, De Sable et d’eau de Pascal Ruter et Le Roi des sylphes de David Bry étaient en lice, sélectionnés par l’équipe, composée d’enseignants et documentalistes des 14 établissements participants. « On a fait cette sélection en octobre et, le temps de passer les commandes, les lectures ont pu commencer après les vacances de la Toussaint », souligne Corinne Khatibi, enseignante documentaliste au Centre de formation des apprentis Roosevelt.
Si chaque classe s’assure de l’assiduité de ses élèves de façon différente, « l’idéal, c’est que tout le monde ait tout lu. » Mais c’était sans doute inévitable, certains ont sauté l’un ou l’autre livre. Faute de temps ? De motivation ? D’envie ? Qu’ils aient lu les livres ou pas, certains d’entre eux ont dû les défendre sur scène, devant leurs pairs, pendant une bande-annonce théâtrale. « On a travaillé avec eux du matin 9 h jusqu’à la dernière minute avant qu’ils montent sur scène », détaille Isabelle Ruiz, metteuse en scène et comédienne de la compagnie El Paso. La préparation de ces récits incarnés a mobilisé 17 élèves, pendant que les autres exploraient différents ateliers qui tournaient tous autour des quatre ouvrages en lice.
Nonchalants, mais pas longtemps
« Au début de la journée, ils disaient “ouais moi j’ai pas lu le livre, en plus ma prof m’a forcé à faire le théâtre”, explique Émilie Wiest, comédienne de la compagnie, puis, peu à peu, on les a vus vraiment s’imprégner de l’œuvre, s’y intéresser, se lever, lancer des idées. » Si bien que, dans l’après-midi, quand ils ont pu prendre une pause dans leurs répétitions pour rencontrer l’auteur de l’ouvrage qu’ils allaient présenter sur scène, « c’était devenu une star, même s’ils n’avaient pas lu le livre ! »
Le matin, les élèves et leurs metteurs en scène sont partis de zéro et ont construit, réplique par réplique, leur bande-annonce théâtrale. Certains groupes ont choisi d’incarner une scène du livre, d’autres, plusieurs passages qui permettent d’illustrer les thèmes principaux. Les cinq élèves qui présentaient Le Roi des Sylphes ont opté pour une succession d’instants courts, accompagnés par une narratrice et pour finir sur une énumération des raisons de lire le livre.
Une prestation fidèle au livre
Les restitutions étaient assez inégales. La première troupe, quatre garçons en charge de présenter La Fabrique des héros , « s’est un peu liquéfiée au moment de passer sur scène », reconnaît Isabelle Ruiz. Tandis que les quatre filles du dernier groupe, encadrées par Elisabeth von Buxhoeveden et qui défendaient De Sable et d’eau , ont remarquablement interprété la scène d’ouverture du livre, où un père tyrannique force son fils à abandonner son chien en bord de route lors d’un départ en vacances, en présence d’une mère mutique.
Après ces prestations et le vote, c’est l’un de ces acteurs d’un jour, Mehmet, qui annonce le lauréat : l’ouvrage de David Bry, Le Roi des sylphes. « Être primé par des lecteurs, c’est super touchant », confie l’auteur. « Ce prix, il vise un public loin de la lecture. Et c’est là qu’on est le plus utile. S’il y a juste trois ou quatre gamins qui se disent “en fait ouais, je peux lire”, ben c’est gagné. »
Article Dernières Nouvelles d’Alsace, Amjad Allouchi – 30 avr. 2025 à 12:30